Le Pasteur proposante Eva Guigo-Patzelt a pris ses fonctions en notre paroisse au mois de juillet 2017.
Voici l'interview que nous avons menée avec elle au moment de son arrivée dans la paroisse, publiée dans le bulletin paroissial de l'été 2017.
Rencontre avec le Pasteur Eva Patzelt
Le Pasteur Eva Patzelt prendra ses fonctions en notre paroisse au mois de juillet et sera pleinement présente parmi nous à partir de la rentrée, le temps de s'installer, d'emménager dans le presbytère. Elle guidera également notre culte dominical du 23 juillet. Selon la tradition, aura lieu une « présentation » officielle, par l’Inspecteur Ecclésiastique, lors du culte du dimanche 10 septembre ; les autorités publiques locales y seront invitées.
Née en 1988, allemande d’origine, française par choix, Eva Patzelt se sent en fait vraiment européenne : sa large formation intellectuelle, ses connaissances linguistiques et ses expériences humaines la portent à aimer ce continent ; elle en apprécie la culture si riche et si diverse, elle en admire l’immense héritage, elle en connaît le passé et l’histoire récente, à laquelle elle a consacré des travaux de recherche ; elle en perçoit les capacités d’ouverture aux autres peuples.
Nous la remercions d’avoir accepté d’emblée, et avec une parfaite simplicité, de se présenter dès maintenant à vous, de vous parler un peu d’elle-même, de sa vocation pastorale, de la vision qu’elle a de cet engagement et de ce service pour le Christ et son Eglise.
Vous aviez choisi et suivi des études à Sciences Po Paris. Imaginiez-vous déjà à ce moment-là votre engagement ecclésial comme pasteur?
A l’origine plusieurs voies m’intéressaient ; je me passionnais particulièrement pour la philosophie et pour les affaires européennes. J’étais aussi très concernée par les questions religieuses, mais je sentais qu’elles ne touchaient que mon propre développement spirituel et intellectuel : or je ne souhaitais pas rester tournée vers une réalisation personnelle, mais plutôt participer à la construction de la société.
Mais au bout de deux ou trois ans, à la faveur d’une crise spirituelle, j’ai compris que le travail et l’engagement comme fonctionnaire européen me limiteraient : il y manquerait une dimension plus essentielle. Cependant, je ne m’imaginais pas encore pasteur ; je ne m’autorisais sans doute pas à l’envisager. Socialisée dans l'Église catholique, suivant ma mère, j’avais, vers l'âge de treize ans, suivi mon père dans la paroisse protestante, pour constater que c’était là la voie qui me convenait ; j’ai aussi découvert les écrits de Luther, avec lesquels je me suis trouvée particulièrement en phase. C’est enfin la rencontre avec une pasteure en Allemagne qui m’a fait découvrir la possibilité d'un travail dans l'Église et m’a mise en chemin.
Pouvez-vous évoquer quelques temps forts de votre parcours ?
Mon départ d’Allemagne, pour finir ma scolarité en France comme lycéenne, m'a ouvert de nouveaux horizons : arriver dans le système public et laïc français… gagner de la distance par rapport aux habitudes religieuses de mon milieu d'origine et sortir de l’enseignement religieux. J’ai pu diversifier les lectures et les sources de pensée. Sartre et Nietzsche et leur questionnement sur l’existence de Dieu ont alors beaucoup nourri mes réflexions à cette époque.
Plus tard, l’expérience d’une année en Pologne a été essentielle : il s’agissait d’un volontariat européen - dans le cadre de l’organisation Action-Réconciliation - auprès de personnes âgées de la communauté juive. Après deux années de travail intellectuel intense, j’avais envie d’accorder du temps au service de personnes fragiles. Etre dans la relation auprès d’une toute petite minorité blessée vivant encore dans la crainte de l’antisémitisme, m’a beaucoup appris.
Quelle vision avez-vous de votre engagement pastoral ?
Il me semble d’abord qu’il ne suffit pas d’avoir étudié pour être pasteur. Il s’agit de construire sa propre relation avec Dieu dans une démarche spirituelle consciente, au-delà des habitudes apprises et des rituels. Si on ne garde pas cette relation avec vigilance, le ministère de pasteur peut devenir une imposture.
Ensuite, on ne s’engage pas comme pasteur pour soi-même, mais pour accompagner une communauté. Le pasteur est au service de l’édification, celle du croyant individuel et celle de la communauté des croyants.
Quels moments de la vie paroissiale vous semble-t- il important de privilégier ?
Le culte est un moment essentiel dans la vie de l’Eglise : non seulement le culte mais aussi la rencontre autour du culte, qui est très importante pour faire communauté. La prière, même brève, a vocation à accompagner les activités et les rencontres au sein de celle-ci.
Construire la communauté passe beaucoup par l’échange sur la Bible. La lecture et l’étude de la Bible – je l’ai appris par les études bibliques que j’ai menées pendant trois années à St-Pierre (2013 à 2016) – me paraissent fondamentales : il ne s’agit pas de faire un cours, même si des éclairages sont nécessaires, mais de savoir comment Dieu nous parle, et de nous construire en tant que paroissiens et en tant que pasteur : les questions sont d’ailleurs plus stimulantes que les réponses.
Et la musique ? Vous-même, vous jouez de l’orgue et du piano…
La musique a bien sûr sa place dans le culte et la vie paroissiale. L’essentiel est qu’elle soit au service du recueillement et de la joie. D’une façon générale, en tant que luthérienne, je considère que rien de ce qui peut servir à rendre gloire à Dieu n’est à rejeter. Cependant si une chose choque nos sœurs et frères, il vaut mieux la laisser tomber, car elle n’aurait plus de sens.
Quelle place les jeunes doivent-ils avoir au sein de la communauté ?
Les jeunes doivent sentir que c’est leur Eglise. Il m’est par exemple arrivé de leur faire tout simplement visiter les lieux qu’ils ne connaissaient pas. De manière générale, l’inclusion est un aspect important dans une communauté ; pour toutes les tranches d’âge d’ailleurs… On parle souvent de l’accueil des jeunes. On a raison ; mais il n’y a pas qu’eux : l’accueil et le souci des personnes âgées ont la même importance.
Quelles relations pensez-vous que l’Eglise doive entretenir avec son environnement ?
C’est vrai qu’il y a en France un risque d’invisibilité ou de repli sur soi, contrairement à l’Allemagne où l’Eglise fait partie intégrante de la société. Cependant, il ne s’agit pas non plus que l’Eglise se réduise à une institution comme une autre !
Il y a un mode de fonctionnement à découvrir avec les institutions plus ou moins désireuses d’échanger. Il s’agit d’être pragmatique : commencer par connaître ses voisins pour envisager de faire des choses ensemble ; et éventuellement avec d’autres communautés.
Car l’Eglise doit être ouverte sur l’extérieur pour pouvoir témoigner.
Comme le disait l’Inspecteur Jean-Frédéric Patrzynski, le Pasteur proposant « est un Pasteur comme les autres ». Il a déjà de l’expérience en paroisse. Il a toute autorité pour effectuer l’ensemble des célébrations. Finalement qu’est-ce qui caractérise la période dite de « proposanat »?
Le pasteur, même proposant, est en effet le pasteur. Mais cette période – deux ans - est pour lui, pour elle, l’opportunité d’une confrontation de ses convictions et de ses savoir-faire avec la réalité d’une paroisse, dans sa diversité, ses questions, ses attentes ; c’est comme l’étape ultime avant son ordination.
Nous remercions chaleureusement le Pasteur Eva Guigo-Patzelt, notre pasteur, de s’être prêtée à « l’exercice » de cet entretien, qui inaugure d’une certaine façon tout un chemin de rencontre, de dialogue et de confiance entre elle et la communauté des paroissiens qu’elle est appelée à accompagner en Christ.
Prendre contact avec le pasteur:
[email protected] / 01.46.64.24.40
Voici l'interview que nous avons menée avec elle au moment de son arrivée dans la paroisse, publiée dans le bulletin paroissial de l'été 2017.
Rencontre avec le Pasteur Eva Patzelt
Le Pasteur Eva Patzelt prendra ses fonctions en notre paroisse au mois de juillet et sera pleinement présente parmi nous à partir de la rentrée, le temps de s'installer, d'emménager dans le presbytère. Elle guidera également notre culte dominical du 23 juillet. Selon la tradition, aura lieu une « présentation » officielle, par l’Inspecteur Ecclésiastique, lors du culte du dimanche 10 septembre ; les autorités publiques locales y seront invitées.
Née en 1988, allemande d’origine, française par choix, Eva Patzelt se sent en fait vraiment européenne : sa large formation intellectuelle, ses connaissances linguistiques et ses expériences humaines la portent à aimer ce continent ; elle en apprécie la culture si riche et si diverse, elle en admire l’immense héritage, elle en connaît le passé et l’histoire récente, à laquelle elle a consacré des travaux de recherche ; elle en perçoit les capacités d’ouverture aux autres peuples.
Nous la remercions d’avoir accepté d’emblée, et avec une parfaite simplicité, de se présenter dès maintenant à vous, de vous parler un peu d’elle-même, de sa vocation pastorale, de la vision qu’elle a de cet engagement et de ce service pour le Christ et son Eglise.
Vous aviez choisi et suivi des études à Sciences Po Paris. Imaginiez-vous déjà à ce moment-là votre engagement ecclésial comme pasteur?
A l’origine plusieurs voies m’intéressaient ; je me passionnais particulièrement pour la philosophie et pour les affaires européennes. J’étais aussi très concernée par les questions religieuses, mais je sentais qu’elles ne touchaient que mon propre développement spirituel et intellectuel : or je ne souhaitais pas rester tournée vers une réalisation personnelle, mais plutôt participer à la construction de la société.
Mais au bout de deux ou trois ans, à la faveur d’une crise spirituelle, j’ai compris que le travail et l’engagement comme fonctionnaire européen me limiteraient : il y manquerait une dimension plus essentielle. Cependant, je ne m’imaginais pas encore pasteur ; je ne m’autorisais sans doute pas à l’envisager. Socialisée dans l'Église catholique, suivant ma mère, j’avais, vers l'âge de treize ans, suivi mon père dans la paroisse protestante, pour constater que c’était là la voie qui me convenait ; j’ai aussi découvert les écrits de Luther, avec lesquels je me suis trouvée particulièrement en phase. C’est enfin la rencontre avec une pasteure en Allemagne qui m’a fait découvrir la possibilité d'un travail dans l'Église et m’a mise en chemin.
Pouvez-vous évoquer quelques temps forts de votre parcours ?
Mon départ d’Allemagne, pour finir ma scolarité en France comme lycéenne, m'a ouvert de nouveaux horizons : arriver dans le système public et laïc français… gagner de la distance par rapport aux habitudes religieuses de mon milieu d'origine et sortir de l’enseignement religieux. J’ai pu diversifier les lectures et les sources de pensée. Sartre et Nietzsche et leur questionnement sur l’existence de Dieu ont alors beaucoup nourri mes réflexions à cette époque.
Plus tard, l’expérience d’une année en Pologne a été essentielle : il s’agissait d’un volontariat européen - dans le cadre de l’organisation Action-Réconciliation - auprès de personnes âgées de la communauté juive. Après deux années de travail intellectuel intense, j’avais envie d’accorder du temps au service de personnes fragiles. Etre dans la relation auprès d’une toute petite minorité blessée vivant encore dans la crainte de l’antisémitisme, m’a beaucoup appris.
Quelle vision avez-vous de votre engagement pastoral ?
Il me semble d’abord qu’il ne suffit pas d’avoir étudié pour être pasteur. Il s’agit de construire sa propre relation avec Dieu dans une démarche spirituelle consciente, au-delà des habitudes apprises et des rituels. Si on ne garde pas cette relation avec vigilance, le ministère de pasteur peut devenir une imposture.
Ensuite, on ne s’engage pas comme pasteur pour soi-même, mais pour accompagner une communauté. Le pasteur est au service de l’édification, celle du croyant individuel et celle de la communauté des croyants.
Quels moments de la vie paroissiale vous semble-t- il important de privilégier ?
Le culte est un moment essentiel dans la vie de l’Eglise : non seulement le culte mais aussi la rencontre autour du culte, qui est très importante pour faire communauté. La prière, même brève, a vocation à accompagner les activités et les rencontres au sein de celle-ci.
Construire la communauté passe beaucoup par l’échange sur la Bible. La lecture et l’étude de la Bible – je l’ai appris par les études bibliques que j’ai menées pendant trois années à St-Pierre (2013 à 2016) – me paraissent fondamentales : il ne s’agit pas de faire un cours, même si des éclairages sont nécessaires, mais de savoir comment Dieu nous parle, et de nous construire en tant que paroissiens et en tant que pasteur : les questions sont d’ailleurs plus stimulantes que les réponses.
Et la musique ? Vous-même, vous jouez de l’orgue et du piano…
La musique a bien sûr sa place dans le culte et la vie paroissiale. L’essentiel est qu’elle soit au service du recueillement et de la joie. D’une façon générale, en tant que luthérienne, je considère que rien de ce qui peut servir à rendre gloire à Dieu n’est à rejeter. Cependant si une chose choque nos sœurs et frères, il vaut mieux la laisser tomber, car elle n’aurait plus de sens.
Quelle place les jeunes doivent-ils avoir au sein de la communauté ?
Les jeunes doivent sentir que c’est leur Eglise. Il m’est par exemple arrivé de leur faire tout simplement visiter les lieux qu’ils ne connaissaient pas. De manière générale, l’inclusion est un aspect important dans une communauté ; pour toutes les tranches d’âge d’ailleurs… On parle souvent de l’accueil des jeunes. On a raison ; mais il n’y a pas qu’eux : l’accueil et le souci des personnes âgées ont la même importance.
Quelles relations pensez-vous que l’Eglise doive entretenir avec son environnement ?
C’est vrai qu’il y a en France un risque d’invisibilité ou de repli sur soi, contrairement à l’Allemagne où l’Eglise fait partie intégrante de la société. Cependant, il ne s’agit pas non plus que l’Eglise se réduise à une institution comme une autre !
Il y a un mode de fonctionnement à découvrir avec les institutions plus ou moins désireuses d’échanger. Il s’agit d’être pragmatique : commencer par connaître ses voisins pour envisager de faire des choses ensemble ; et éventuellement avec d’autres communautés.
Car l’Eglise doit être ouverte sur l’extérieur pour pouvoir témoigner.
Comme le disait l’Inspecteur Jean-Frédéric Patrzynski, le Pasteur proposant « est un Pasteur comme les autres ». Il a déjà de l’expérience en paroisse. Il a toute autorité pour effectuer l’ensemble des célébrations. Finalement qu’est-ce qui caractérise la période dite de « proposanat »?
Le pasteur, même proposant, est en effet le pasteur. Mais cette période – deux ans - est pour lui, pour elle, l’opportunité d’une confrontation de ses convictions et de ses savoir-faire avec la réalité d’une paroisse, dans sa diversité, ses questions, ses attentes ; c’est comme l’étape ultime avant son ordination.
Nous remercions chaleureusement le Pasteur Eva Guigo-Patzelt, notre pasteur, de s’être prêtée à « l’exercice » de cet entretien, qui inaugure d’une certaine façon tout un chemin de rencontre, de dialogue et de confiance entre elle et la communauté des paroissiens qu’elle est appelée à accompagner en Christ.
Prendre contact avec le pasteur:
[email protected] / 01.46.64.24.40